Un printemps... Tristan et Yseult...

Il l'entraîna à ses côtés en ce lieu dont la fontaine luisait d'une nouvelle lueur d'une nuit approchant. La fontaine de Tristan. Tout un mythe en un écoulement aqueux se contait à leurs oreilles en ce doux bruissement.

Solstice se rendit compte de la main de Rimeuse en la sienne, et la serrant avec douceur, il lassa un pouce effleurant caresser le dos de la main d'une belle démasquée. Tout deux s'assirent sur le rebord de la fontaine et il leva son regard vers la brune demoiselle, sa main restée libre se déposant sur sa joue avec douceur tandis qu'il lui sussurait d'un ton d'intimes secrets:

La fontaine d'un Tristan sans son Yseult m'a paru bien triste lors de mon arrivée. Le savez vous belle poêtesse,rimeuse de mon coeur? Ce couple de légende est le symbole de l'amour involontaire, irrésistible et éternel, persistant même au-delà de la mort. Toujours ensemble, d'âmes et de corps par la fatalité du destin.

Ils s'étaient retrouvés tout deux liés par la puissance d'un philtre bu par mégarde, et s'aimèrent toute leur vie, malgré les épreuves, malgré l'éloignement, malgré leur propre remords. Fatalité de l'amour.

Pourtant, cette fontaine est esseulée, et j'y ammène celle dont les rimes pénètrent mon coeur d'une si douce langueur. Je m'y abandonne en ce soir, comme une saveur d'ailleurs, un parfum de paradis avant l'heure que j'aimerais inhaler, toujours.

Son visage se rapprocha du sien, seul bruit était celui de l'eau frémissante sous le ruisseau incertain d'une fontaine procurant fraicheur et volupté à ce lieu d'un printemps, verdoyant de fleurs et de beauté.
Son souffle s'unit au sien, deux bouches effleurées, deux regards s'entrecroisant d'une éternité. Tristan l'avait retrouvée son amour, et d'un souffle presque muet il osa lui demander:

Qui es-tu ma belle Yseult, rimeuse de mes songes éthérées,
Car tant de fois je t'ai rêvée, et toujours je me réveillais,
Me laissant triste, amer, et sans toi en mes pensées,
Et ma dernière requête avant l'éveil, était toujours la même,
Je demandais vite, vite, tentant de t'entendre en un verbe,
Une question qui me tiraillait, et toujours tu me répondais,
Et jamais je n'ai réussi qu'a percevoir le mouvement de tes lèvres.

Yseult. Quel est ton nom?

Sa main dans celle du poète ,la caresse de son pouce ,douceur infinie sur sa main tremblante.
Ses yeux dans les siens ,Brune l'écoutait.Elle buvait ses mots sortis de sa bouche comme autant de gouttes d'eau rafraichissant son esprit ,l'éveillant de nouveau à la vie.

Elle regarda la fontaine ,tandis qu'il racontait l'histoire de Tristan et Yseult.Elle goutta ses lèvres mellant son souffle au sien,un baiser tendre et voluptueux les unit.Elle sentait la vie revenir en elle ,comme si le souffle de ce baiser,s'introduisant dans ses veines ,rechauffait son sang,la faisant revenir complètement à la vie.Quand son visage près du sien ,ses yeux accrochés aux siens il se mit de nouveau à parler .Son coeur fut certain d'être de nouveau aimé ,les incertitides oubliées ,elle réfugia son visage contre son cou,et dans un souffle nouveau elle répondit.

Brunehilde je m'appelle ainsi,telle une autre amante ,Walkyrie, exilée punie par Odin de l'avoir defié.
Amoureuse ,amante de Siegfried,séparés par un philtre donné par une autre ,il fini par l'oublier,après mainte intrigues,épouse cet autre qui lui a donné le philtre,et ne viens a se souvenir d'elle qu'aux jour de sa mort.
Brunehilde fidèle ,n'aimait que lui,elle le rejoignit dans la barque qui devait l'emmener vers Odin,et se tua avec la dague de son amant,le rejoignant ainsi pour l'éternité.
Ma vie à moi failli ressembler à la sienne ,mais cette autre Brunehilde n'avait pas une soeur comme la mienne ,qui m'empecha de commettre cette folie.
Aujourd'hui je la bénis ,car sans elle je ne serai avec vous en ce lieu.Je serai morte d'avoir aimé une chimère,un amour que je croyais éternel ,qui n'étais en faite qu'une illusion.Et m'avait fait oublier que l'amour peut revetir plein d'autres visages.
Est-ce lui que je vois aujourd'hui dans le votre?
Et vous mon Tristan comment vous appellez-vous?

Son visage, d'un sourire d'amour s'illumina, ses yeux tentèrent de ne pas ciller, mais le trouble était là. Etre de douleur et de tristesse, elle revivait, peut être pourrait-il l'aider, sans un souffle de biais, juste de son coeur aimant, de ses mots maladroits en un instant de volupté.

Mon nom... permettez moi d'abord de prononcer le votre une fois, belle Valkyrie du Valhala. Mes lèvres ne savent pas, si elles le méritent, mais elles s'efforceront de ne pas l'écorcher. Nom si délicat et si fragile, j'aime tant l'entendre, l'écouter...

Tout en parlant d'un souffle doux et délicat, accompagnant le vent d'une Terre de plénitude qui effleuraient chaque fleur d'un souffle de vie, enveloppaient toute plante par une guangue de survie, il s'était rapproché, au seuil de leurs soupirs, et d'une main caressante il avait retrouvé sa joue. A présent frôlant de ses lèvres les siennes, il le chuchotait enfin, n'osant briser cet instant.

Brunehilde...

Mon nom, si rustre près du votre, je n'ose le prononcer. Et pourtant, j'aimerais tant le voir à vos côtés. Tristan à son Yseult, deux noms parfaitement liés.

L'on m'a nommé Solstice. Et d'hiver comme d'été, je vis, de mon coeur enneigé vous fites plaine de beauté, vallée fleurie de mille et uns vers d'amour sacré. Vos rimes m'ont enchanté ma rimeuse adorée.

Brunehilde d'un Solstice d'Eté.

Ses yeux se fermèrent, troublés à jamais d'un film de bonheur qu'il n'osait espérer. Son errance prenait-elle fin et l'hiver s'enterrait-il à jamais? En cet instant il l'espérait. Et souhaitait de toute son âme voir une Brunehilde au coeur blessé, aux vers tristes mais de beauté, trouver le sourire d'un rayon de soleil retardé, avancé...

Et d'un nouveau baiser, plus passioné, plus aimé, il désigna ses sentiments d'un printemps des amours, des rencontres éthérées. Rêve, réalité... tout se mêlait, plus rien ne comptait. Brunehilde la Rimeuse l'avait envouté de son plein gré.